La minoure de Pougan

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Informations diverses

Paroles : Anonyme
Musique : Traditionnel
Interprètes :
Origine : Bretagne
Danse :
Mp3 :

Paroles

C'est la Minoure du Pougan,
Que l'on marie.
On la marie à son plaisir,
Monsieur le comte en est marri.

Ils sont partis du Rocher,
Trois gentilshommes,
Sont allés sans s'ébruiter,
Au Pougan, chez le mercier.

— Beau mercier, beau mercelot,
Ouvre ta porte,
À me donner du mordoré,
C'est pour un cotillon brodé.

— Du mordoré, je n'en ai point,
Monsieur le Comte,
Allez à Rennes ou à Paris,
Vous en trouverez de tout prix.

Ne sachant plus que demander,
Demande à boire.
— Messieurs, allez un peu plus bas,
Le cabaret est à deux pas.

— Hé! mercier, méchant mercelot,
Ouvre ta porte.
Ouvre-la donc et promptement,
Sinon, nous la j'tons en dedans.

Quand le mercier entend cela,
Tôt il se lève.
Tous à cheval ils sont entrés.
Au lit de la bell' sont allés.

La belle, approchez-vous de moi,
Que je vous baise,
Je veux vous faire le présent
D'une belle paire de gants.

— À moi n'appartient point des gants,
Monsieur le Comte.
Je suis simple fille des champs,
À moi n'appartient point des gants.

— La belle, approchez-vous de moi,
Que je vous baise.
Ça me donnera le désir,
Une autre fois d'y revenir.

— Hé! mon Dieu, n'y revenez point,
Monsieur le Comte.
Qui donc vous prie d'y revenir,
Au point du jour ou à minuit ?

Il l'a monté' sur son cheval,
Criant la force.
Mais, en passant sur la chaussé',
Dans la rivière s'est jeté'.

— Très Sainte-Vierge, en cet émoi,
Je vous supplie.
Très Sainte-Vierge, noyez-moi
Mais mon honneur, sauvez-le moi.

— Ah! pour Dieu ne vous noyez pas,
Ma jeune fille.
Je vous tiens quitte de ce pas,
Au Rocher vous ne viendrez pas.

Références

Collecté par François Roulin, rapporté d'abord dans le troisième recueil des Poésies Populaires de la France folio 175 puis par Lucien Decombe dans Chansons populaires recueillies dans le Département d'Ille-et-Vilaine en 1884, page 302 (Lire en ligne) puis dans le numéro 6 de juin 1886 de la Revue des Traditions populaires, page 170 (Lire en ligne). Le tome I de L'enquête Fortoul (1852-1876) de Laurence Berthou-Bécam et Didier Bécam la rapporte en 263, page 384.

Le mot minoure est une utilisation d'un mot breton ; minor peut signifier orphelin ou fils unique. Criant la force est une traduction littérale du breton ; krial forzh veut dire appeler à l'aide.

Coirault : 01303 Le comte et la fille du mercier, Laforte : II, A-26 La belle qui se noie pour sauver son honneur