Le chapelet d'enfer

De Wikitrad
Aller à : navigation, rechercher
Informations diverses

Paroles : Anonyme
Musique : Traditionnel
Interprètes :
Origine : Jura
Danse :
Mp3 :

Paroles

Partitions de Le chapelet d'enfer extraites des pages 169 et 171 des Chants patois jurassiens, article par Arthur Rossatparu dans le numéro 6 des Archives suisses des traditions populaires en 1902.
Version de A Joset et Joseph Girardin. Version de Mme Baumann

Jeunes garçons qui êtes las de vivre
Pour vous ranger au nombre des maris,
De mon malheur, que Dieu vous délivre,
Choisissez bien, ou vous êtes tous pris !






Je m’en vais tout droit la demander à son père,
Il me répondit comme un sincère ami :
Il m’en coûte de te mettre dans la misère,
Car tu n’as jamais été mon ennemi.

Ah ! Si tu la veux, prends-la et puis l’emmène,
Il y en a trois, choisis, je te le dis ;
Elles sont bien belles, et on les croit bien bonnes,
C’est du bétail pour tromper trois amis.

Je montai tout droit dans la chambre haute,
Je fus fou, j’allai tout lui redire.
Elle fit deux, trois tours par dans la chambre
Quand je lui eus tout dit, je vis bien que je faisais mal.

Ah ! C’en est fait si tu écoutes mon père,
Me dit la mienne en sautant tout debout ;
Il n’a, paraît, pas plus d’esprit qu’une bête,
Ni plus de cœur pour nous qu’un vieux loup.

C’est qu’il lui en coûte de débourser quelque chose
Pour nous trousseler et nous marier ;
Il nous engagerait avant tout chose
Le tiers des trois pour se remarier.

Quand j’entendis le mal qu’elle disait de son père,
Si j’eusse été sage et non pas fou,
J’aurai dû remarquer ces vipères
Qui étaient cachées sous toutes ces belles leurs ;

Je fus fou, je fis la bête,
J’y allai de cœur, nullement de l’esprit ;
C’est sa beauté qui m’a ensorcelé la tête,
Je l’ai fiancée, tope ! M’y voilà pris !

Devant l’église, ce fut des autres affaires ;
Il me fallait répondre : Oui, Monsieur, bien doucement.
C’est la tempête et le tonnerre
Qui m’accable et me tue entièrement.

Quand ce fut le jour de mes noces,
On buvait tous, jusqu’on vint tous gris ;
Tout riait, chantait, si ce n’est mon beau-père,
Qui n’eût su rire de mon malheur.

De sa bourse, il m’a donné une purge
En me comptant cinq cents écus tout chaud ;
Mais j’en ai bien eu cinq cent mille reproches
Sans jamais jouir du principal.

Une fois qu’elle m’avait engrinché
Parce qu’elle me disait : Ribaud, bougre de chien !
Je te lui fichai une mornifle
Et la renversai tout le long étendue.

Mais elle ne fut pas lâche ; elle se relève en furie,
Elle saute sur un vilebrequin.
Si je ne m’étais pas ramassé, moi et mes chausses,
Elle n’aurait crevé yeux, tripes et boudin.

Notre valet hier écoutait notre maîtresse
Qui redisait son chapelet d’enfer.
Il faut qu’il ait beaucoup de dizaines
Pour le tant dire et le tant répéter.

Vous autres, les jeunes garçons à marier,
Regardez bien avec qui vous vous frottez.
Il vaudrait mieux aller dans la guerre,
Dans la guerre en Turquie, et mourir en bon soldat.

Ô compagnons qui êtes las de vivre
Pour vous ranger au nombre des maris,
De mon malheur, que chacun s’en délivre,
Faites bien attention, ou vous êtes tous pris.

Celle que j’avais avait assez bonne mine ;
Je la croyais riche et sans défauts.
En la fiançant, j’en ai fait ma bien aimée ;
En l’épousant, j'ai épousé mille maux.

Oh ! Quand j’allai demander à son père,
Il me répondit comme un sincère ami :
J’ai beaucoup de regret de te mettre en misère,
Tu n’as jamais été mon ennemi.






J’avais beau choix ; je fis pourtant la bête ;
J’allai de cœur, mais, ma foi, pas d’esprit
Trouver la belle, et je lui vais tout redire ;
Après tout dit, je trouvai que je faisais mal.

Oh ! C’en est fait si tu écoutes mon père,
Qu’elle me dit en se dressant tout debout ;
Il n’a rien plus de cœur qu’un vieux cerbère,
Pas plus d’esprit pour nous qu’un vieux loup !
















C’est à l’église qu’on fit les affaires ;
On dit : oui, mais tout doucement.
Mais à la maison, c’est la foudre et le tonnerre
Et tous les maux qui m’accablent.











Un jour pourtant que je perdis patience
Elle me disait que j’étais race de pendu,
D’un coup de poing, je lui paie son insolence,
Et la renversai tout le long étendue.

Elle fut longtemps étendue comme évanouie ;
Elle se releva, prit un vilebrequin.
Si je n’eusse bien vite su ramasser mes chausses,
Elle n’avait crevé œil, ventre, tripes et boudin.






Ô compagnons qui êtes après la femelle,
Regardez bien à qui vous vous associez !
De mon malheur que chacun s’en délivre,
Faites bien attention, ou vous êtes tous pris !

Références

Collectés auprès de Mme Baumann, née Greppin à Damvant (Jura suisse) et de A. Joset et Joseph Girardin à Courfaivre (Jura suisse) et rapportés par Arthur Rossat dans Chants patois jurassiens, article paru dans le numéro 6 des Archives suisses des traditions populaires en 1902, page 169 (Lire en ligne).

Coirault : 05809 Le mari qui croyait sa femme sans défaut