La précieuse culotte

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Informations diverses

Paroles : Anonyme
Musique : Traditionnel
Interprètes : Christian Desnos, Michel Lefebvure
Origine : Nivernais
Danse :
Mp3 : Michel Lefebvre

Paroles

Partition de La précieuse culotte en p. 106 du tome 3 de "Chants & chansons : littérature orale & traditions du Nivernais" par Achille Millien en 1910.

Y’a bien longtemps que l’on marmotte
Sur la culotte de velours.
Mes amis, j’vais vous dire tout court
Ce que c’est que cette culotte.
En vérité, tout à l'heure vous verrez
Tout ce qu’un accident rapporte.
Je dis tout net que l’argent qu’il y avait
Valait bien le coup de filet.

Pour mieux vous raconter l’histoire,
Exactement jusqu’à la fin,
Je vous dirai qu’c’est un marin,
Près de partir sur un corsaire.
Quittant son bord, il voulut tout d’abord,
Avant de s’éloigner d’la terre,
Aller coucher avec sa chère moitié,
Mais il n’était pas le premier.

Sa femme, qui le croyait en rade,
Commence à prendre ses plaisirs ;
Accomplissant tous ses désirs
Auprès d’un riche camarade.
Tout allait bien, on n’se doutait de rien,
Lorsqu’arrive une triste ambassade ;
Frappant trois coups, le mari pas jaloux :
— C'est moi, ma femme, levez-vous !

Sa femme était à demi-morte,
Lui dit : Ô mon mari, c’est toi !
Le jeune galant saisi d’effroi,
Pendant qu'elle va ouvrir la porte,
Se mit dans un coin où l’on ne voyait rien.
Le marin déchaussa ses bottes,
Se dévêtit, mis son bonnet de nuit.
Vous allez voir c’que l’autre fit.

La commère, qui n'était pas sotte,
Commence à se plaindre bien fort
Et dit : J’ai attrapé la mort
En allant vous ouvrir la porte.
J'ai attrapé une colique assurée,
Et ma colique elle est si forte,
Mon bon ami, je sens que j’vas mourir,
Si vous n’voulez me secourir.

Faut aller chez l’apothicaire
Pour me chercher quelque liqueur.
Le pauvre mari de bon cœur,
Ne se doutant pas de l’affaire,
Saute du lit pour prendre ses habits ;
Mais, comme c’était sans lumière,
Prit des habits qui n’étaient pas à lui,
Prit la culotte du favori.

Le mari commande un clystère,
Et puis il cherche de l’argent ;
Et c’est alors, dans ce moment,
Qu’il reconnut tout le mystère.
Il fut surpris de trouver, quinze louis ;
Une belle montre en or d’Angleterre,
Culotte de velours... Il aperçoit tout court
Que sa femme lui jouait des tours.

Au lieu de porter le clystère
À sa femme pour sa guérison,
Il s’en va comme un furibond
Se divertir la nuit entière.
Le lendemain, appelait les voisins,
Leur racontait toute l’affaire.
Qui est-ce qu’a perdu la culotte, les écus?
C'est un marin qui les a eus.

Le riche amoureux n’avait garde
D’aller réclamer son habit ;
Mais la femme fut bien plus hardie.
La commère n’était plus malade :
— Rendez-moi donc la culotte, mon ami.
On me l’avait donnée en garde
Pour mettre un point, je dois en avoir soin
Rendez-la-moi, j’en ai besoin.

Le mari, sans passer les bornes,
Lui dit : Non, non, tu n’l’auras pas.
Contente-toi bien de cela,
De me faire porter des cornes.
Mais en ce jour, la culotte de velours,
Il est bien juste que je m’encorne.
La montre en or, les petits louis d’or
Me feront divertir d'abord.

Que dites-vous, ô mes confrères ?
Vous riez de mon accident.
Moi, j’crois bien qu’des écus vaillants
Remettraient vite votre colère.
De bons écus pour être fait cocu,
Quoi, vous n'en refuseriez guère.
En en gagnant tous les jours tout autant,
Je s’rais bientôt un gros marchand.

Références

Chant par Christian Desnos sur l’album Chants de marins II – Danses et complaintes des côtes de France de l’anthologie des chansons de mer de Chasse-Marée en 1986, sur l'album Chansons et traditions orales du Cotentin en 2002, par Michel Lefebvre en 2017 (Youtube)

Chant par René Martin à Chasnay (Nièvre) en 1803, rapporté par Achille Millien dans Chants & chansons : littérature orale & traditions du Nivernais, en 1910 (Lire en ligne sur Gallica).

Laforte : II, O-64 La culotte de velours (pro parte), Coirault : 05924 La culotte de velours